Centrale hydro électrique « Francis » de 1890

Tout commence à la fin du 19ème siècle avec le phénomène de mode vestimentaire qui génère de grosses quantités de tissus mis au rebut.
L’effilochage se développe alors fortement. Cette activité consiste à recycler des tissus usagés, laine ou coton, et les reconditionner pour une nouvelle utilisation.
Les tissus et chiffons sont d’abord conditionnés : nettoyage, tri par catégorie et par couleur, enlèvement des boutons. Puis ils sont « effilochés » : découpage, lacération, déchiquetage.
Les fils obtenus servent à fabriquer des couvertures, rembourrages, ouate, produits isolants ou fils à retisser.
Ces opérations sont entièrement manuelles donc lentes et coûteuses, d’où l’idée de les faire réaliser par des machines utilisant l’énergie de la rivière. Maître Souget fut l’introducteur de cette nouvelle activité mécanisée.

En 1865, il achète la maison forte de Saint Jean de Chépy incluant la zone allant de la voie ferrée jusqu’au château lui-même et lance un projet d’usine nouvelle. Il fait construire un canal qui alimente « l’ancien effilochage ». Il construit ensuite le « premier effilochage ». Puis met à l’arrêt et déplace l’ancien effilochage vers le « deuxième effilochage » situé devant le Château et aujourd’hui démoli. Les machines sont entraînées par des roues hydrauliques.
L’effilochage Souget-Avisard emploie d’abord 100 personnes, puis seulement 40 après modernisation, dont 30 ouvrières logées en grande partie à St Jean de Chépy.

En 1897, avec le développement des applications électriques, une turbine Francis et une génératrice sont installés dans un local situé sur le côté du château. La turbine alimente les machines d’effilochage jusqu’à leur arrêt en 1941. Elle est ensuite utilisée pour le chauffage du château.

En 2018, la captation sur la Fure est remise à niveau pour respecter la réglementation liée à l’exigence de maintenir en permanence un « débit réservé » minimum dans le cours d’eau.

 

Projet

Depuis longtemps, Philippe Martinenghi souhaitait rénover cette turbine à l’abandon. Ceci avec des motivations multiples : intérêt pour l’histoire industrielle de la vallée, attrait supplémentaire à offrir aux nombreux visiteurs du Domaine, rentabilité pour au moins rembourser l’investissement requis.

Buxia Energies œuvre dans le Pays Voironnais et est animée par des bénévoles. La Société est jusque-là spécialisée dans le photovoltaïque : financement citoyen, installation puis exploitation de centrales sur des toitures en location. Les revenus sont prioritairement réinvestis dans de nouveaux projets.
Ce projet est donc l’histoire d’une rencontre et d’une convergence d’intérêts …
C’est finalement une option permettant de conserver la configuration « historique » : turbine de 1897 et courroie qui est retenue, tout en étant piloté par un équipement moderne. La production d’énergie est destinée à l’autoconsommation par le Domaine.

Parmi les fournisseurs consultés, c’est un fournisseur local (basé en Chartreuse) Cero Energie qui est retenu. Il propose une fourniture globale, incluant les aspects mécanique et électrique. Par ailleurs, des bénévoles de Buxia Energies prennent en charge le curage du bassin et du canal.

Les grands choix

Dans le but d’éviter tout écart par rapport au droit d’eau officiel et de faciliter l’exploitation, la conception est guidée par les principes suivants :

  • Aucun changement d’impact environnemental par rapport à l’équipement « historique » : prélèvement, seuil, rejet.
  • Caractéristiques de production identiques : débit, hauteur de charge, puissance.
  • Système de contrôle automatique moderne avec couplage au réseau si nécessaire, régulation de niveau et accès à distance sur un téléphone portable.
  • Équipement robuste.

Caractéristiques de l’installation

Hauteur de chute 3,9 m
Débit nominal turbine 600 l/s
Turbine Francis datant de 1895
Entrainement par courroie
Puissance de conception : 16 kW

Historique

Sources :

  • Archives départementales de Grenoble
  • Mémoire et Patrimoine de Fures et Tullins
  • Les ateliers d’effilochage – Alain Schrambach – 2005

Tout le monde connait les turbines « Général Electric » installées à Grenoble auparavant, Alstom puis encore « Neyrpic » (des acronymes de l’association de « M. Neyret » et « Pictet »),…sachez que cette turbine est la plus vielle turbine encore en fonctionnement connue, préalable à « Neyrpic ». En effet, cette turbine est la mémoire de l’association entre Messieurs « Neyret » et « Bellier ».